"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

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de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

lundi, novembre 26, 2012

ETSILACREATION
DUNETATPALESTINIEN
PASSAITPARLECONOMIE?
Source : lemonde.fr en ligne le lundi 26 novembre 2012


Très fragile économie palestinienne



Par Jacques Bendelac*,
chercheur en sciences sociales à Jérusalem



L'opération "Pilier de défense" menée à la mi-novembre par Israël dans la bande de Gaza ne doit pas faire oublier que la création d'un Etat palestinien, à côté de l'Etat juif, constitue la seule solution politique à un conflit qui dure depuis plus de six décennies.

Certes, une paix négociée ne pourra avoir lieu qu'entre Israéliens et Palestiniens qui se reconnaissent mutuellement, ce qui exclut le mouvement du Hamas qui, depuis Gaza, lutte pour la destruction de l'Etat juif.


LES FONCTIONS
D'UN ETAT INDÉPENDANT

En revanche, l'Autorité palestinienne, qui fut mise en place en 1993 dans le cadre des accords d'Oslo et qui reconnaît l'existence de l'Etat d'Israël, n'en finit pas de revendiquer l'indépendance politique des territoires palestiniens : si, pour l'heure, la bande de Gaza contrôlée par le Hamas reste en dehors d'un règlement pacifique, la majorité de la Cisjordanie devrait devenir le territoire de l'Etat palestinien aujourd'hui en gestation.

Après deux décennies de tractations infructueuses, l'Autorité palestinienne estime être prête à franchir le pas pour revêtir les fonctions d'un Etat indépendant, ce qui conduit son président Mahmoud Abbas à demander une reconnaissance des institutions internationales pour la Palestine.


"PAIX ÉCONOMIQUE"

Le processus qui a permis à l'Autorité palestinienne siégeant à Ramallah de se préparer aux fonctions d'Etat a véritablement démarré en 2007, avec la nomination au poste de premier ministre de Salam Fayyad : deux ans plus tard, son gouvernement adoptait un plan visant à poser les fondations de l'Etat palestinien.

Côté israélien, c'est aussi en 2009 que le gouvernement israélien commença à prendre d'importantes mesures pour atténuer les restrictions dans la liberté de circulation à l'intérieur de la Cisjordanie.

En juin 2009, le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou exprimait, lors de son discours à l'université Bar-Ilan de Tel-Aviv, son acceptation de voir un Etat palestinien établi à côté d'un Etat juif, à condition qu'il soit démilitarisé et que les Palestiniens reconnaissent l'Etat d'Israël comme la patrie nationale du peuple juif.

Il a développé aussi sa proposition de " paix économique" comme préambule à la réconciliation dans la région.

A priori, la proposition de Benyamin Nétanyahou consistait à éluder la question d'un Etat palestinien, mais elle insistait sur la levée des restrictions bureaucratiques pesant sur l'économie palestinienne.


L'EMPLOI DES PALESTINIENS
EN ISRAËL

Dans les faits, la paix économique a bénéficié à plusieurs secteurs de l'économie palestinienne, comme : l'emploi des Palestiniens en Israël, le développement de zones industrielles en Cisjordanie, l'ouverture du commerce extérieur, l'amélioration des infrastructures et le tourisme.

Mais en l'absence de solution politique en direction de l'établissement d'un Etat indépendant, la plupart de ces progrès restent éphémères et ils risquent même d'être réduits à néant, faute de pouvoir être accompagnés par une structure étatique locale.


FAYYADISME VS ARAFATISME

Côté palestinien, la paix par l'économie a pris une autre signification à partir de 2009 : le premier ministre Salam Fayyad a alors proposé de jeter les bases de l'Etat palestinien en se fondant largement sur le développement économique qui garantira la viabilité d'un Etat indépendant.

Adopté en août 2009, son programme supposait que la viabilité d'un Etat repose sur des institutions publiques capables de gérer les finances publiques de façon transparente et de fournir des services efficaces à la population.

Cette politique, qualifiée de "fayyadisme" par certains observateurs, vise à la construction d'un Etat palestinien encore sous occupation israélienne ; elle devrait permettre de créer un environnement favorable à la croissance du secteur privé, ce qui devrait accroître aussi l'attractivité de la Cisjordanie pour les investisseurs étrangers.

Le "fayyadisme" se distingue de l'"arafatisme", du nom du premier président de l'Autorité palestinienne Yasser Arafat, qui préconisait d'abord l'obtention des droits nationaux aux Palestiniens, rejetant la création d'institutions étatiques à plus tard.


RENFORCEMENT DES INSTITUTIONS

Dans le courant de 2011, soit un peu moins de deux ans après le lancement du premier plan de développement palestinien, les organisations internationales (comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire international et les Nations unies) se sont penchées au chevet de l'Autorité palestinienne.

Après avoir examiné l'état d'avancement des réformes en cours, elles ont toutes confirmé que le renforcement des institutions de l'Autorité palestinienne se situait au-dessus du seuil nécessaire à un Etat indépendant, viable et souverain de Palestine.

Tous leurs rapports ont mentionné que des progrès significatifs avaient été réalisés en matière de gestion et de transparence des finances publiques, de gouvernance et d'efficacité des services publics.


EXPERTS DE LA BANQUE MONDIALE

En matière de sécurité et de justice, de gestion des revenus et des dépenses, les experts de la Banque mondiale estiment que les institutions publiques palestiniennes soutiennent favorablement la comparaison avec d'autres pays de la région et même au-delà.

Sur le plan monétaire, le FMI a confirmé également que la nouvelle Autorité monétaire palestinienne (AMP) était désormais capable de remplir les principales fonctions attribuées à une Banque centrale d'un pays indépendant.


DÉPENDANCE

Le fayyadisme a-t-il atteint ses objectifs ? Il semble que oui, même s'il reste encore un long chemin à faire pour accéder à l'indépendance économique. Si l'Autorité palestinienne a franchi, en 2011, le seuil qui lui permet d'être prête à fonctionner comme un Etat, il n'en reste pas moins que la viabilité de l'économie palestinienne et la soutenabilité de sa croissance dépendront de trois facteurs principaux : la stabilité des recettes fiscales, l'essor du secteur privé et l'augmentation du commerce extérieur.

Car si l'économie palestinienne a connu des taux de croissance exceptionnellement forts au cours des trois dernières années, il ne faut pas se tromper : cette croissance est attribuable, en grande partie, aux dons des bailleurs de fonds étrangers qui, en 2011, finançaient 40 % du budget palestinien.


SITUATION FISCALE PRÉCAIRE

Quant à la situation fiscale de l'Autorité palestinienne, elle demeure précaire ; les droits de douane prélevés par Israël représentent 37 % des recettes publiques, alors que la fiscalité locale ne fournit que 19 % des revenus de l'Etat.

Certes, l'Autorité palestinienne a officiellement rejeté la proposition de "paix économique", y voyant une tactique dilatoire qui ne conduira pas forcément à un Etat indépendant.

En revanche, l'Autorité palestinienne a "joué le jeu" de la paix économique, en mettant en valeur les deux seules richesses dont elles disposent : sa main-d'oeuvre qualifiée et sa diaspora riche et nombreuse.

Au cours des trois dernières années, des hommes d'affaires palestiniens ont profité de cette paix économique pour consacrer une partie de leur fortune au développement de l'économie palestinienne.


L'HOMME D'AFFAIRES
AMÉRICANO-PALESTINIEN
BASHAR MASRI

L'exemple le plus connu est celui de l'homme d'affaires américano-palestinien Bashar Masri qui multiplie ses investissements dans l'économie palestinienne. Cet ancien ingénieur chimiste est le planificateur et fondateur de la première ville nouvelle palestinienne, Rawabi, dont la construction a été lancée en 2007 et qui comptera 6 000 logements.

Bashar Masri espère faire de Rawabi une ville ultramoderne qui accueillera une Silicon Valley palestinienne, en se spécialisant notamment dans les domaines de l'informatique et des télécommunications.


PAIX VIRTUELLE

En attendant la levée totale des barrières physiques à la libre circulation, les Palestiniens ont aussi mis à profit leur main-d'oeuvre qualifiée pour lancer une activité qui n'exige pas de contact physique et direct entre les partenaires : les services informatiques, virtuels par excellence, qui sont en pleine croissance en Cisjordanie.

Les flux immatériels remplacent les transactions matérielles et les nouveaux services de télécommunications surmontent les distances physiques.


300 START-UP PALESTINIENNES

Dorénavant, près de 300 start-up palestiniennes ont pignon sur rue à Ramallah et ses environs : de plus en plus d'entreprises israéliennes sont liées par des accords de partenariat avec ces petites firmes palestiniennes de high-tech, via des contrats de sous-traitance ou de vente.

Pour Israël, l'ingénieur palestinien a l'avantage d'être compétent, innovant et meilleur marché, tout en étant tout proche de la Silicon Valley israélienne.

Aujourd'hui, l'industrie de la haute technologie est un domaine privilégié de coopération israélo-palestinienne : des activités de pointe comme la production de logiciels informatiques, les techniques d'Internet ou l'électronique voient déjà se multiplier les projets de coopération.

Avec l'aide de partenaires internationaux, de nombreuses entreprises israéliennes assurent, en Israël, la formation professionnelle de techniciens et ingénieurs palestiniens qui, de retour dans leur entreprise, contribuent au développement de partenariats, joint-ventures et autres accords de coopération industrielle.


ISRAËL MAÎTRISE
LES FRONTIÈRES EXTÉRIEURES

Si la Palestine est prête pour accéder à son indépendance politique, elle est encore loin de son indépendance économique. Or après avoir jeté les infrastructures d'un Etat, les Palestiniens ont besoin d'une indépendance politique pour asseoir leur économie et enclencher un processus de croissance durable.

A défaut de parvenir à un accord de paix avec Israël, les dirigeants palestiniens ont opté pour une reconnaissance unilatérale auprès des organisations internationales, hier l'Unesco, demain l'ONU.

Ce choix ne doit pas leur faire oublier qu'Israël maîtrise encore l'intégralité des frontières extérieures et de l'espace aérien, ainsi que la majeure partie du réseau routier, de l'approvisionnement en eau et en électricité des territoires palestiniens.

Seule une étroite coopération avec l'Etat juif permettra au nouvel Etat de Palestine d'effectuer un démarrage plus effectif de son économie sur un territoire viable.





Jacques Bendelac, docteur en économie, est chercheur en sciences sociales à Jérusalem. Il est un spécialiste de l'Israël contemporain et des relations israélo-palestiniennes. Ses recherches portent sur la société israélienne et l'économie du Proche-Orient. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages de référence consacrés à la société israélienne et à l'économie palestinienne. Dernier livre paru : "Israël-Palestine : demain, deux Etats partenaires ?" (Armand Colin, 264 p., 19,50 €).








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