"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

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de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

mercredi, mars 24, 2010

LESPROPALESTINIENS
ENFRANCE
DEBIENTRISTESSIRES
Source : le site de la règle du jeu
en ligne le 24 mars



Les cinémas Utopia
contre Yann Moix.
De la polémique au tribunal



Laurent David Samama



Les Palestiniens souffrent d’une double peine ! Déjà embourbés dans un conflit interminable avec leur voisin israélien, ils sont en plus victimes de la balourdise et du machiavélisme de ceux qui croient prendre leur défense. C’est dit : la cause palestinienne a de biens piètres défenseurs !

Voilà ce que dénonçait Yann Moix dans le Figaro du 10 août 2009. Alors en déplacement en Avignon, l’auteur de Podium tombe sur un tract des cinémas Utopia indiquant la projection du film "Le Temps qu’il reste" d’Elia Suleiman, réalisateur arabe israélien plusieurs fois primé à Cannes et à Venise. D’aucuns disent de Suleiman qu’il est l’héritier de Jacques Tati et de Nanni Morretti. Il compte en tout cas parmi ces consciences proches orientales qui fixent les contours d’un débat constructif sur l’avenir de la Palestine. Seulement voilà, au lieu de profiter de la projection du film comme d’une opportunité de questionnement autour des solutions de paix à promouvoir entre Israéliens et Palestiniens, le texte du tract d’Utopia proposait une présentation du film nourrie de cet antisionisme propre à exciter les consciences et à importer le confit israélo-palestinien sur notre territoire. On y parle du sionisme comme du « rêve fou d’un Etat religieux juif », de « milices juives » perpétrant quelques massacres et d’Israël comme d’un « non-sens en guise d’Etat, qui reste aujourd’hui schizophrénique, capable d’envoyer un transsexuel à l’Eurovision tout en choisissant un ministre des Affaires Etrangères dont le racisme ferait passer notre borgne national pour l’abbé Pierre ». Voilà ! En quelques lignes tout y passe. Tous les mythes dont se nourrit l’antisémitisme depuis des siècles sont là et l’on voudrait nous faire croire qu’il ne s’agit que d’antisionisme. Lisons bien les phrases d’Utopia. Pour le rédacteur anonyme du tract, Israël serait un non-sens. On comprend qu’il ne pleurerait pas son éventuelle disparition. Ensuite, le peuple israélien, cette mosaïque d’ethnies, ce peuple monde est réduit au rang de dégénérescence ; se succèdent ainsi les références à la schizophrénie, au transsexualisme, au racisme. On ne disait pas pire dans les années 1930… Utopia, ce cinéma qui se félicite de proposer une programmation ouvrant les yeux de ses spectateurs parle avec les mots de ceux qui entretiennent la haine.

Il est des colères saines et celle de Yann Moix faisait partie de celles-là. Il faut en finir avec le combat contre l’antisionisme qui autorise la reprise des pires poncifs antisémites. S’opposer à la politique de l’Etat d’Israël ne doit en aucun cas permettre à des contradicteurs d’écrire de telles infamies.

Globalement, notre opinion publique arrive à débusquer l’antisémitisme lorsqu’il est d’extrême droite. On le voit venir. Il est souvent primitif. Et lorsqu’il se raffine, il a vite fait de se référer aux antisémites de plumes : Céline, Rebatet, Brasillach. Ceux qui les citent sont vite disqualifiés. Reste l’antisémitisme d’une partie de l’extrême gauche. On se méfie moins de l’extrême gauche, elle se donne des airs sympathiques, folkloriques. Celui-là est plus difficile à débusquer pour qui n’est pas rompu à cette dialectique. Et pourtant… Il se camoufle, caché tant bien que mal par le masque de l’antisionisme, cet antisionisme auquel l’extrême gauche est opposée, dès l’origine. Pour l’extrême gauche, la réponse à donner à l’antisémitisme n’est pas celle de la construction d’un sentiment national juif mais plutôt celle d’une lutte de classe. Pour la gauche de la gauche, le sionisme est néfaste car il divertit les masses juives du combat principal, le combat contre le capitalisme. En ce qu’il est trans-classiste, qu’il outrepasse les problématiques de classe pour fixer un destin commun à l’ouvrier comme au notable juif, le sionisme gène le communisme. Voilà ce qui fut la ligne communiste depuis Herzl jusqu’à la création de l’Etat d’Israël. Pourtant en 1948, lorsque des groupes juifs combattent l’impérialisme britannique, l’extrême-gauche voit l’évènement d’un bon œil. Si elle ne va pas jusqu’à l’exultation, elle s’en félicite discrètement. A cela rien de bien étonnant. Pour l’extrême gauche, finalement, ce qui compte n’est pas la justesse de la cause, c’est plutôt de soutenir David face à Goliath. Appliqué comme un théorème mathématique idiot, cela donne : L’Autre, le petit, le plus faible a toujours raison. Même si il se trompe, nous, communistes, trotskystes, maoïstes lui donnons raison. Quand le juif est petit, lorsqu’il est David plutôt que Goliath, lorsqu’il fuit les pogroms à la recherche d’une terre plus clémente, lorsqu’il est tondu et rachitique sortant des camps de concentration, on l’aime et le comprend. Mais dès lors qu’il se façonne un destin national, s’organise, grandit, s’enrichit, on le rejette. C’est ainsi qu’on entend ça et là que le palestinien serait devenu le nouveau juif. Il est le nouveau juif car il est va-nu pied. Que ses combats soient fondés ou non, l’extrême gauche prend le parti systématique de l’Autre.

Il y a ensuite la mystification des origines récentes d’Israël. Selon Jean Yves Camus, politologue spécialiste des extrémismes, on mystifie le sionisme en en faisant un idéal religieux. C’est bien ce que le tract d’Utopia disait en parlant du « rêve fou d’un Etat religieux juif ». Et c’est pourtant faux ! Herzl ne se referait pas à la Bible. Il n’était pas croyant. Son projet national était déconnecté de fondements théologiques. Il construisait un Etat-Nation comme c’était la mode en Allemagne et en Italie à la fin du XIXème siècle.

On peut se tromper de bonne foi, compter des juifs dans ses rangs et écrire des tracts dangereux. C’est ce que dénonçait Yann Moix en critiquant le tract d’Utopia.

On peut tout à fait se reconnaître dans le message porté par l’extrême gauche sans tomber dans le piège de l’antisionisme tendancieux. On peut être en désaccord avec les moyens employés par l’Etat hébreu pour arriver à la paix sans l’accuser de fonder un nouveau nazisme. On peut promouvoir d’autres solutions sans s’enfoncer dans un manichéisme qui confine à l’entêtement. Diffuser le film d’Elia Suleiman était une démarche positive. Le vendre en proposant de telles lignes revenait à nier le dessein poursuivi par le cinéaste. Donnons lui donc le dernier mot :

« la “cause palestinienne” dit-il dans un entretien au Figaro a surtout servi les intérêts de ceux qui s’en emparaient. Le problème est de savoir qui sont les Palestiniens. On en fait un peuple de marionnettes, caricatural, idéologique, plus palestinien que nature.»[1]



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[1] Elia Suleiman ou, la chronique du désastre palestinien

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