"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

vendredi, janvier 30, 2009

GAZA,
ETAPRES?
Source : ouestfrance.fr en ligne le 30 janvier



Notre correspondant à Gaza répond
aux lecteurs d'Ouest-France


Journaliste palestinien, Radjaa Abou Dagga, 41 ans, a couvert pour notre journal les 22 jours de l'offensive israélienne contre la bande de Gaza.


De Jean-François Battaglini :
Le fait d'être journaliste et palestinien dans le territoire de Gaza, où l'état de droit est limité, vous permet-il d'aborder les sujets politiques sans risques pour votre propre vie? Pouvez-vous nour dire si les Palestiniens de la rue de Gaza souhaitent la réconciliation Hamas-Fatah ou s'ils soutiennent simplement leur gouvernement à Gaza ?


"C'est un choix à faire que de faire passer l'information et de travailler comme un journaliste. S'il se passe quelque chose à Gaza, il faut témoigner. Effectivement, il n'y a plus de multilatéralisme, il y a un pouvoir unique. Avant, on pouvait jouer de la contradiction entre les deux, aujourd'hui on se sent plus sous surveillance. Malgré des pressions, des menaces parfois, on arrive à travailler. Il nous arrive d'avoir peur, d'avoir des petits problèmes, mais c'est un choix."Cette guerre a aggravé les tensions: le Hamas accuse Abou Mazen d'avoir soutenu l'opération, les gens du Fatah sont victimes de la répression du Hamas et accusent d'avoir exécuté certains des leurs pendant la guerre... Mais les gens de la rue, vraiment, espèrent une réconciliation".


De Hervé Brissieux (Trégueux) :
Quelle est la part du peuple palestinien qui soutient réellement le Hamas? Celui-ci s'est-il servi de la population comme d'un bouclier humain? Les dirigeants du Hamas sont-ils unanimes dans leur volonté de destruction d'Israël? Y a-t-il encore un petit espoir de dialogue entre le Hamas et le Fatah ?

"Quand les esprits sont calmes -c'est à dire pas en temps de guerre - on peut dire qu'un tiers de la population soutient le Hamas et autant le Fatah."C'est vrai que les combattants du Hamas étaient habillés en civil. Vrai que dans un village proche de Khan Younès, ils ont demandé à des gens de retourner chez eux malgré les opérations israéliennes. Mais le Hamas n'a pas utilisé les gens comme boucliers humains. J'ai de la famille, des amis dans toute la bande de Gaza, je n'ai rien entendu de tel. Aucun proche de civil tué ne m'a rapporté de telles choses.


De Jean-Luc Chopin:
Pensez-vous que le Hamas, élu par les habitants de Gaza (qui paient le prix d'avoir élu des terroristes) change de politique afin de reconnaître Israël et d'arrêter les tirs de roquettes?(aucun pays n'accepterait cela de son voisin sans lui faire la guerre).

"Non, le Hamas ne reconnaîtra pas Israël sur la terre de Palestine. C'est ainsi qu'il formule les choses. Mais il n'est pas opposé à l'idée d'un Etat palestinien dans les frontières d'avant 1967, assortie d'une trêve de longue durée avec Israël. C'est Mahmoud Zahar, l'un de ses leaders, qui l'a dit. C'est à ces conditions qu'il arrêtera ses tirs de roquettes.


De Derek Granet:
Pouvez-vous décrire la situation économique locale? Les reportages décrivent Gaza comme misérable, en Etat de crise humanitaire... Je m'étonne donc de voir (à la télévision) tant de voiture si modernes et des passants d'un calme qui jure avec les propos du "journaliste" qui commente.

Au maximum 20% des Palestiniens ont une voiture. Aucune voiture nouvelle n'est entrée à Gaza depuis 2005 à cause du blocus et du fait que plus personne ne travaille en Israël et n'a assez d'argent. Ceux qui en ont une bricolent pour la garder dans le meilleur état possible. Une Subaru de 1982 vaut 7000 dollars sur le marché! La réalité, c'est que 80% des gens de Gaza vivent sous le seuil de pauvreté, 55% sont au chômage, selon les chiffres de l'Onu. Les gens ont l'air calme? Par résignation: tout le monde a déjà des morts et des blessés dans sa vie, la plupart des Palestiniens pensent que le pire est encore à venir. Au 17e jour de la guerre, j'étais en duplex et les bombes pleuvaient, des enfants qui venaient de quitter leur maison rasée continuaient de jouer dans la rue. Les gens s'adaptent.


De Khalid Mansou (Landéhen):
Les habitants de la bande de Gaza (1,5 million sur un territoire large de 35 km et long de 10 km) viennent de vivre trois semaines de guerre. Combien sont, aujourd'hui, dans la bande de Gaza assiégée, des Palestiniens qui n'ont plus de maison et ont perdu leurs enfants sous les décombres et qui n'ont pas de travail et sont réfugiés dans leur propre pays ?

Il y a 45 000 Palestiniens qui se sont réfugiés dans les écoles de l'Onu, 5000 maisons complètement détruites, rasées, 20 000 maisons partiellement détruites et inhabitables. Ils sont logés chez des amis. En sortant de Gaza, j'ai croisé des convois de l'Onu qui amenaient des matelas en éponge. Depuis deux ans, les meubles manquaient, il n'y a plus de bois pour construire des meubles... Pour les gens qui ont tout perdu en une nuit, c'est terrible.


De Jean-Denis Gauthier :
Beaucoup d'observateurs estiment que le Hamas va bénéficier d'un plus grand soutien ou d'une plus grande adhésion des Palestiniens à cause de l'attaque israélienne ?

Oui, mais cela restera un soutien mesuré, car il n'y a pas eu d'exploit militaire du Hamas. Il avait promis des surprises aux Israéliens, qui n'ont pas eu lieu. Disons que les gens sont résignés à vivre sous le Hamas, car il n'y a pas d'autre choix.


De Eric Granet:
Comment expliquez vous le décompte extraordinairement polémique de différents médias concernant les victimes du conflit, tant du côté des Palestiniens que du côté des Israéliens ? Etant sur place, vous devriez pouvoir nous dire ce qu'il en est réellement de la ration alimentaire d'un Gazaoui ?

"Côté palestiniens, voici les sources: 1 ) les morgues des hôpitaux, où les entrées sont toutes répertoriées de manière précise (nom, âge, sexe, lieu, circonstances)et centralisées. Un bilan était publié chaque jour sous l'autorité du Dr Mouawiya Hassanein; 2 ) le ministère de la Santé; 3) la police; 4) les journalistes qui vérifiaient par téléphone. C'était recoupé."Il ne faut pas imaginer que tous les Gazaouis ont faim. Il y a du pain, un minimum: on ne peut en acheter plus de cinq. Les gens font du pain à la maison avec de la farine, mais elle commence à manquer. Les tunnels ont beaucoup fourni, mais c'est très cher. Il y a six mois, la viande était à 10 euros le kilo, aujourd'hui c'est deux fois plus. Les fruits n'arrivent que d'Israël, c'est donc par intermittence: toutes les orangeraies de Gaza ont été rasées par les Israéliens. Pour faire des courses, l'argent manque: il y en a sur les comptes, mais on ne peut le retirer, les banques manquent de liquide.


De Silvia Kersusan:
Est-ce que les Palestiniens de Gaza reconnaissent le droit des Israéliens à se défendre et d'avoir un pays en sécurité ?

"Le droit de se défendre est légitime pour tous les individus. A Gaza, simples civils comprennent bien qu'il y a une guerre entre les militaires israéliens et le Hamas, mais se demandent pourquoi ce sont toujours eux qui paient à la fin. Après, c'est toujours l'éternelle question de qui a tiré le premier et commencé les hostilités. Israël dit que c'est le Hamas, le Hamas dit que c'est Israël.


De Mathieu Verger :
Il y a eu très peu de réactions en Cisjordanie pendant l'attaque contre Gaza par Israël. Cela ne montre-t-il pas une réelle dislocation de la société palestinienne, résignée à ne jamais voir sa condition s'améliorer?

Non, les manifstations étaient interdites par l'Autorité palestinienne, qui a eu peur d'être déstabilisée en Cisjordanie. La presse a été mise sous contrôle. Et les seules manifestations qui ont eu lieu étaient organisées et encadrées.


De Philippe Voisin (Vertou).
Les médias ont annoncé que l'intervention israélienne avait causé la mort de 1300 Palestiniens dont 450 enfants. Pourquoi autant d'enfants ?

A cause de la densité humaine de Gaza, 360 km2 seulement. Les combats ne se sont pas tenus dans des champs ouverts, mais en zone urbaine. Pour la première fois par exemple, Israël a bombardé des mosquées, 31 au total, en disant qu'elles servaient de dépôts d'armes. Or quand vous bombardez une mosquée dans un quartier populaire, les maisons autour sont touchées et cela tue. Il y a eu des bavures et des bombardements délibérés, comme celui contre la maison de la famille Sammouni à Zeitoun: les Israéliens avaient ordonné à 110 personnes de s'y réfugier. J'ai des photos de mères et d'enfants calcinés dans des maisons visées chez eux en pleine nuit. En fait, c'est à l'armée israélienne qu'il faut poser cette question.


D'Yves et Irène Dréan (Vannes).
Que pouvons nous-faire pour convaincre l'Union et l'Européenne qu'il ne suffit pas de verser des fonds pour reconstruire ce que d'autres s'acharnent à détruire et pour s'occuper perpétuellement de réfugiés, mais qu'il faut une solution politique ?

Les Palestiniens n'ont besoin que d'une chose: l'application des résolutions de l'Onu et une force pour les faire appliquer. Ils ont besoin que l'Union européenne pèse dans ce sens et impose une solution sur cette base, car l'expérience montre qu'on ne peut faire confiance aux Américains. Nous avons besoin d'un projet clair et qui serait soumis à tous, Israéliens et Palestiniens, par référendum.

Aucun commentaire: