"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

lundi, avril 23, 2007

PRESIDENTIELLE 2007

PASSERELLE
Source : lemonde.fr


NOUS PUBLIONS AVANT SA DIFFUSION
EN KIOSQUE, CET APRES-MIDI,
L'EDITORIAL DE J. M. COLOMBANI
DIRECTEUR DU QUOTIDIEN DU SOIR "LE MONDE"



Double victoire,
par Jean-Marie Colombani


Ce fut une double victoire : celle de la démocratie sur elle-même ; et contre ses extrêmes. L'histoire retiendra cette belle journée d'avril, dans cette France ensoleillée, ses longues files d'électeurs, vieux, jeunes, couples venus avec leurs enfants, tous patients, tous mobilisés. Donnant l'image d'un pays serein, citoyen, qui redécouvre la politique, qui se réapproprie l'élection présidentielle et montre, par là même, sa volonté de se réapproprier son destin. Après tant d'années de défiance, de doute sur ses gouvernements, d'alternances multiples, de montée des extrêmes, nous avons cette fois, au bout d'une longue, confuse, mais passionnante campagne, cette participation record, ce raz-de-marée démocratique et cette qualification des candidats Royal et Sarkozy pour s'assurer que le second tour soit bien celui d'un choix clair. Comme pour effacer le 21 avril 2002 ; afin que personne ne puisse dire que l'avenir se construit malgré nous.

Et cette première victoire éclaire de la France son beau visage : une expression démocratique maîtrisée, un retour aux partis de gouvernement, l'extinction – c'est la seconde victoire du 22 avril – du cycle lepéniste, et un deuxième tour moins ouvert, certes, qu'il n'eût été souhaitable, tant le rapport des forces est favorable à la droite, mais qui s'annonce porteur d'un débat sérieux. Et prometteur.
Première étape : c'est moins le pays qu'il faut redresser (la France n'est pas à terre) que son moral. Or, en écartant les voies les plus démagogiques, en suivant le candidat de la "rupture" et la candidate du "changement", les Français se sont déclarés prêts à bouger.
François Fillon a dit la possibilité qui existe, et qui se concrétisera peut-être, de surmonter les inquiétudes : que la France reprenne confiance, qu'elle écarte le "nonisme" généralisé qui semblait lui tenir lieu d'idéologie, tel est désormais l'enjeu pour le pays. Faire revenir l'optimisme, a promis Ségolène Royal ; donner à chacun les moyens de réussir sa vie, a dit Nicolas Sarkozy ; que les enfants espèrent de nouveau mieux vivre que leurs parents : pendant quinze jours, les deux candidats vont pouvoir s'attacher à convaincre qu'ils représentent chacun une meilleure voie. Et pour cela ils vont devoir s'affronter au centre du système.
En effet, leurs qualifications respectives se sont faites au détriment des extrêmes : Ségolène Royal a bénéficié de la hantise du 21 avril et a laminé l'extrême gauche et les Verts ; Nicolas Sarkozy a réussi son pari, qui était d'aspirer une part du vote Le Pen et de ramener celui-ci à un niveau où il cesse de peser. Le corollaire de ce mouvement est un retour vers le centre, qui devient l'enjeu principal du second tour. Les voix qui se sont portées sur François Bayrou seront en effet décisives. C'est le paradoxe de cette campagne : pour que le débat puisse avoir lieu au centre, il fallait que le centre ne soit pas lui-même présent au second tour.
L'effacement relatif du lepénisme et l'émergence d'un centrisme indépendant posent en fait deux questions de fond. En effet, l'ultra-droitisation du discours de Nicolas Sarkozy pour réussir son opération de captation constitue-t-elle un prix trop élevé et une promesse de clivage exacerbé s'il est élu, plutôt que de"rassemblement", comme le veut la formule consacrée ? Le centre s'est affirmé en ajoutant à sa composante traditionnelle – celle du centre droit – une dimension purement protestataire et le souhait d'une partie de l'électorat Vert et socialiste de pousser les feux du réformisme. Cette dernière dimension suffira-t-elle à convaincre la candidate de la gauche de bousculer le PS ?
Dès dimanche soir, les deux candidats ont apporté des débuts de réponse. Nicolas Sarkozy a prononcé un discours aux accents "de gauche", tout entier centré sur une promesse de "protection" tous azimuts, et en particulier en direction des plus faibles. Ségolène Royal a davantage mis l'accent sur le dynamisme, qu'elle recherche, et sur la capacité de mouvement, qu'elle souhaite incarner. L'une et l'autre étant en quelque sorte à front renversé.
Nicolas Sarkozy doit faire oublier ses excès droitiers et regarder vers son allié centriste traditionnel. Face à un "tout sauf Sarkozy", il dispose de quelques réserves. L'équation est plus difficile à résoudre pour Ségolène Royal. Afin de l'emporter, elle doit tenir les deux bouts de la chaîne : retrouver l'électorat réformiste et bien intégré –"inclus", disent les sociologues – qui est allé vers le centre; convaincre des catégories populaires qui paraissent majoritairement acquises à la droite. Beaucoup dépendra de sa capacité de mobilité. Or, à ce stade, elle n'a donné aucun signe d'ouverture vers le centre; et elle ne semble toujours pas persuadée que, lorsque l'on veut être en situation de gouverner, il faut montrer que l'on est capable de s'entourer des meilleurs. Chacun sait, de ce point de vue, ce que devraient être, dans une campagne qui se joue sur le réformisme, le rôle et la place d'un Dominique Strauss-Kahn.
Difficulté supplémentaire, il y a toute chance pour que François Bayrou cherche avant tout à stériliser son capital de voix et à se sculpter une sorte de statue impérieuse, qui lui permette de préparer... la prochaine présidentielle. Il n'apportera donc aucun secours à la candidate socialiste, espérant même se substituer à la gauche comme principale force d'opposition à un Nicolas Sarkozy victorieux.
Le débat est très suivi hors de nos frontières. La voix de la France peut compter de nouveau. Sans doute avons-nous beaucoup tardé à nous adapter au monde nouveau. D'où la détresse d'une partie du pays. Mais la modernisation de notre"modèle" peut, si elle réussit, nous redonner une voix forte. Nos deux candidats veulent, l'un comme l'autre, marier dynamisme et solidarité, économie et social.
C'est le cœur du problème français. Une France mobilisée, démocratique, prête au mouvement, aura des choses à dire d'abord à l'Europe et, à travers celle-ci, au monde. Souhaitons que ce mouvement s'engage avec une sérénité égale à celle que les Français ont manifestée le 22 avril.

Jean-Marie Colombani


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