"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

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Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

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Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

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CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

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Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

lundi, février 06, 2006

PASSERELLE


Source : libération.fr daté du 6 février 2006


POLIMIQUE AUTOUR
DE LA CARICATURE de MAHOMET



DES ETATS ARABES
SOUFFLENT SUR LES BRAISES


Réagissant avec surenchère, ils espèrent tirer profit de la montée du sentiment anti-occidental.


par Christophe BOLTANSKI




Dans une Syrie placée depuis plus de quarante ans sous état d'urgence, muselée par ses multiples services de sécurité et le parti Baas, les défilés de rue sont rares et presque toujours solidement encadrés. Pourtant, samedi à Damas, des milliers de manifestants ont pu bousculer de très maigres cordons de police, saccager la représentation du Chili puis incendier tour à tour les ambassades du Danemark et de Norvège, deux pays qui ont les premiers publié les caricatures jugées sacrilèges du prophète Mahomet. Accès de colère spontané ou suscité ?


Circonstances aggravantes dans une ville quadrillée par des polices de toutes sortes, un kilomètre sépare les deux chancelleries prises pour cibles. Les manifestants n'étaient pas des opposants au régime et brandissaient des portraits du président Bachar al-Assad. Les Etats-Unis, comme les Européens, ne sont pas dupes. Ils accusent le régime syrien, sinon d'avoir provoqué les violences, du moins de n'avoir rien fait pour les empêcher. Un journal émirien, Al-Ittihad, fait la même analyse dans son édition d'hier : «Une manifestation de colère ne doit pas conduire à une exploitation politique qui pousse les gens à commettre des actes stupides attisant la tension, écrit son éditorialiste. Il est inacceptable que certains régimes cherchent à exploiter les sentiments [de la foule] pour réaliser des gains politiques.»

Courroux. Isolé sur la scène internationale depuis l'assassinat il y a un an de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, sommé de livrer ses meurtriers sous peine de sanctions onusiennes, le président syrien peut être tenté de tirer profit d'une affaire qui enflamme le monde arabo-musulman. En laissant ses concitoyens exprimer leur courroux, il conforte son assise, témoigne discrètement de sa capacité de nuisance et donne un avant-goût du chaos qui régnerait dans son pays si son régime était renversé.
Au-delà de l'émoi populaire, les dessins satiriques du quotidien danois Jyllands-Posten ont donné lieu à une exploitation politique évidente. Les Etats arabes, même laïcs ou déclarés tels, ont été prompts à dénoncer le «blasphème», parfois avant leurs propres opinions publiques. Ce sont souvent les plus exposés d'entre eux à la contestation islamiste qui ont répondu avec le plus de vigueur. En brandissant l'étendard vert de l'islam, ils espèrent désamorcer les critiques, contenir la contestation, voire capitaliser sur la montée du sentiment antioccidental.
Boycott. Secouée ces dernières années par de nombreux attentats attribués à Al-Qaeda, l'Arabie Saoudite a été la première à rappeler «en consultation», le 26 janvier, son ambassadeur à Copenhague et à décréter un boycott des produits danois. Une façon de rappeler son rôle de gardienne des Lieux saints et surtout d'un islam très rigoriste. Au sein des instances panarabiques ou panislamiques, la monarchie wahhabite se distingue également par la fermeté de ses positions. Ainsi, lors d'une réunion des ministres arabes de l'Intérieur, mardi, le prince saoudien, Naef Abdel Aziz, a demandé à ses collègues de rappeler à leur tour leurs ambassadeurs en poste à Copenhague.
Le Premier ministre danois croyait pourtant avoir mis fin à la crise, début janvier. Le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, avait promis de distribuer auprès de chacun de ses Etats membres une lettre signée de sa main condamnant «toute action ou propos qui essaie de diaboliser certains groupes en raison de leur religion ou appartenance ethnique». Mais la polémique a repris de plus belle après la tournée au Moyen-Orient de plusieurs délégations d'imams danois munis des douze caricatures du Jyllands-Posten, mais aussi, apparemment, de faux dessins encore plus insultants pour les musulmans.
Plusieurs régimes de la région ont alors décidé de prendre les devants. Ils réagissent avec d'autant plus de force qu'ils subissent une double surenchère. A l'intérieur, ils ne peuvent laisser le thème de la défense de religion à un adversaire islamiste plus que jamais menaçant. Au cours des derniers mois, les Frères musulmans ont partout gagné du terrain. En Egypte, ils ont obtenu 88 sièges à l'Assemblée du peuple et se sont imposés comme le premier parti d'opposition lors des élections cet automne. En Palestine, leurs cousins du Hamas ont battu le vieux mouvement nationaliste, le Fatah, et remporté haut la main les législatives. En Syrie, où l'appartenance à la confrérie est toujours punissable de mort, ils sont parvenus pour la première fois à signer un texte commun avec l'opposition laïque et démocratique.

A l'extérieur, ces mêmes dirigeants sont confrontés, comme dans les années 80, aux outrances de la république islamique d'Iran. Avec ses appels à la destruction d'Israël et au renversement des régimes «apostats», le nouveau président, Mahmoud Ahmadinejad, a renoué avec une rhétorique révolutionnaire et panislamique que ses prédécesseurs avaient progressivement abandonnée.
Attaques. L'exemple le plus parfait de surenchère a été donné dans les territoires palestiniens encore ébranlés par le résultat des législatives. Contre toute attente, les attaques les plus dures contre le Danemark, la Norvège ou même la France ne sont pas venues des islamistes mais de groupes armés proches du Fatah. En prenant la tête de la contestation, ces nationalistes font coup double : ils mènent un combat qu'ils savent populaire et embarrassent le Hamas qui tente de convaincre l'Union européenne de poursuivre son aide économique à l'Autorité palestinienne, malgré l'alternance.

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