"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

"LES MUSULMANS ET LE SEXE" de NADER ALAMI Editions GUMUS

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Recueil de Poésie en Hommage à Jenny Alpha

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma Ed Universlam

Couv "LES PLEURS DU MÂLE" Recueil de Slams d'Aimé Nouma  Ed Universlam


CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions

CAMILLE CLAUDEL Naissance d'une vocation parJeanne Fayard Rivages Editions
Sortie en librairie début mai 2013

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE

A LA RECHERCHE D'UNE MEMOIRE PERDUE
de GISELE SARFATI Editions PLUMES et CERFS-VOLANTS

vendredi, décembre 16, 2005

CHRONIC
de Philippe MEYER




Aux non de la France




Cette fin d’année 2005 symbolise parfaitement le visage de la France d’aujourd’hui : le pays de tous les non. Certes, il n’y rien là de très nouveau, tant le caractère contestataire et grincheux de notre cher citoyen français est connu et reconnu à travers le monde entier. Mais au-delà de la sympathie bienveillante que suscite généralement ce tempérament râleur, qui a également donné naissance à de très grandes choses – de la révolution de 1789, en passant par la déclaration des Droits de l’Homme et la Résistance – cette opposition devenue quasi-systématique à tout et à tous devient désormais alarmante et dangereuse.

Non aux américains (une de nos plus grandes absurdités), non à l’Europe (et non pas uniquement à un texte constitutionnel qui pouvait lui justifier des oppositions légitimes), non au débat sur la crise violente qui secoue nos villes et nos banlieues (Alain Finkielkraut aura récemment servi de sacrifice expiatoire à une intelligentsia bien pensante, gauchisante et totalitaire, qui verrouille la France des idées depuis bien longtemps, mais dont la mauvaise conscience face à un bilan contestable et des échecs patents a régulièrement besoin de boucs émissaires - aux caractéristiques souvent communes - pour s’apaiser), non au débat sur la colonisation (toujours cette même intelligentsia …), non aux réformes (combien de gouvernements se sont cassés les dents sur cet immobilisme français devenu presque une marque de fabrique), non, non, non, …

Rien n’y fait. La France de ce début du 21ème siècle est négative. Mais surtout, elle ne propose rien en face de cette négation. Non pour non. Elle subit, elle râle, elle rejette. Mais elle n’avance pas. Et c’est bien là tout le problème. Le non a du bon quand il est source de débat, de propositions, d’innovations, de construction. On en est à des années lumières. Le non français actuel, loin d’être un signe d’une société qui bouillonne, qui s’interroge et qui se développe, est avant tout le révélateur d’une société qui doute, qui a peur, qui se referme sur elle même. Le révélateur d’un malaise ancré, d’un mal-être que l’on pas su ou voulu soigner à temps. En l’espace de quelques décennies, le monde a davantage changé qu’au cours des siècles qui les ont précédés. Révolution technologique, mondialisation des savoirs et des échanges, complexité des circuits financiers, explosion démographique. Tout est allé très vite, trop vite. Et ce d’autant que, contrairement à tant d’autres, la société française a cruellement manqué d’explications, de pédagogie, d’accompagnement face à ces bouleversements historiques. Droite, gauche, centre, même combat. La classe politique a raté un rendez-vous majeur avec son peuple. Et elle le paie très cher à présent. Au lieu de lui parler, de le rassurer, de le préparer, de lui dire la vérité, on a laissé le français seul avec lui-même, avec ses peurs (souvent légitimes), avec ses solutions ( souvent simplistes). Les signaux d’alerte ont été lancés à de maintes reprises, rappelons-nous du 21 avril 2002, mais au-delà des déclarations d’intentions, nos gouvernants et responsables politiques n’ont rien dit, rien fait, rien construit. Résultats ? Une France qui ne sait pas où elle va, et qui s’en prend à quiconque a le malheur de se trouver sur son chemin. Une France qui fait confiance à des populistes de tout poil, les seuls qu’elle parvient encore à prendre. Une France qui voit ses idées accaparées par une pensée unique, et donc facile, dont le nouveau clergé se compose d’une certaine gauche réactionnaire et d’une certaine droite frileuse. On marche sur la tête. Plus de repères, plus de projets, plus de débats.

La France n’assume plus son passé, ignore son présent, et ne prépare pas son avenir. La France a peur. Et rien n’est pire qu’une peur qui devient collective, incontrôlée, et laissée sans garde-fous. L’Histoire ne l’a que trop montré. A ce rythme, le mur vers lequel on se dirige tout droit sera très vite sous notre nez. Il n’y aura alors que deux moyens de le franchir (car tous les murs doivent l’être un jour ou l’autre) : un nouveau retour en arrière pour reprendre son élan, reprendre la même direction, la même logique, et créer in fine un choc encore plus violent ; ou un réveil brutal de toutes les énergies positives, créatrices, et ouvertes pour retrouver les moyens de contourner cet obstacle que la France s’est elle-même construit. Pour cela, il va falloir au plus vite que nos responsables politiques, économiques, et intellectuels se rendent compte de la gravité de la situation actuelle, qu’ils ont contribués à générer, et parlent enfin à leurs concitoyens comme à de véritables adultes pour leur proposer les solutions qui s’imposent ; des solutions nécessaires que la longueur de l’inaction passée a rendu difficiles, douloureuses et donc impopulaires. D’autres, ailleurs, et dans des contextes différents, n’ont pas hésité à la faire.

Malheureusement, on en prend pas encore le chemin …



Philippe Meyer

Aucun commentaire: